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Cultura y Poesía & Justiça Social e Democracia Direta

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Bahreïn : Que fait la communauté internationale?

Publié par justicesocialeetdemocratiedirecte.over-blog.com sur 4 Février 2013, 02:47am

 

Bahreïn: Que fait la communauté internationale?

 

 

François Hollande a reçu la visite "surprise" du roi de Bahreïn, Hamed ben Issa Al Khalifa, fin juillet. | Photo Balkis Press/ABACA

 

 

Alors que le mouvement de contestation chiite se poursuit depuis plus d'un an et demi, la justice continue de condamner les opposants. Et ce, toujours dans l'indifférence générale.

Marie Desnos

De mal en pis. Un tribunal de Bahreïn a refusé lundi de libérer l’éminent défenseur des droits de l'Homme bahreïni, Nabeel Rajab, qui purge une peine de trois ans de prison pour «rassemblement illégal» et «trouble à l'ordre public» pour avoir participé et appelé à participer à trois manifestations non autorisées (les 12 janvier, 6 février et le 31 mars dernier), a annoncé l'un de ses avocats, Me Mohammed al-Jishi, sur son compte Twitter.. Ses défenseurs avaient en effet demandé la suspension de sa peine en attendant le verdict de la cour d'appel, attendu pour le 16 octobre après de multiples reports. Il en allait pourtant de la santé, voire de la vie de leur client de 48 ans, qui est en grève de la faim depuis vendredi dernier, deux jours après l’enterrement de sa mère. Le militant, qui est membre du comité consultatif de Human Rights Watch (HRW) pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, et vice-président de la Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH), proteste ainsi contre l’attitude des autorités. Si elles l’ont autorisé à quitter la prison une journée pour assister aux funérailles, il avait en revanche interdiction formelle de communiquer avec les autres, l’empêchant de recevoir des condoléances, et n’a pas pu finir son deuil de trois jours. La justice a répliqué que le prisonnier avait violé les conditions de sa libération provisoire en prononçant un discours incitant les participants aux obsèques à manifester.

 

Lors de cette brève allocution, il rappelait que sa mère est morte sans avoir pu revoir son fils, à cause d’un «régime oppressif, tyrannique» et appelle le peuple de Bahreïn à poursuivre son combat. «Nous avons des exigences légitimes, des valeurs, des principes légitimes. Ce régime est dictatorial, (…) et il est de notre devoir, un devoir légitime et moral, de résister à l'injustice et de lutter pour la démocratie», défendait-il. «Nous allons montrer que notre volonté, même si (les autorités) nous jettent en prison ou tuent nos familles, ne reculera pas, et nous serons victorieux face à ce régime oppressif, si Dieu le veut.»

(Pour plus d’informations sur le combat de Nabeel Rajab, cliquez ici.)

Condamnés pour avoir soigné des patients

Malheureusement, ce genre de décision est loin d’être isolé. Le 1er octobre, neuf médecins et membres du personnel de l'hôpital public se sont vus confirmer des peines allant d'un mois à cinq ans de prison. Six d’entre eux ont été renvoyés en prison le lendemain, les autres ayant déjà purgé leur peine. Ils font partie d'un groupe de 20 employés de l'hôpital public Salmaniya de Manama qui avait été poursuivi pour occupation d'hôpital, incitation à renverser la monarchie ou encore possession et stockage d'armes au centre hospitalier lors des manifestations de mars 2011. Neuf ont été acquittés en appel, et deux autres sont en fuite. Human Rights Watch (HRW) et d’autres ONG ont appelé le roi de Bahreïn Hamad Ben Issa Al-Khalifa à intervenir pour faire annuler ces peines de prison car elles étaient en partie fondées sur des aveux obtenus, selon elles, «sous la torture et selon des procédures fondamentalement injustes». Roula al-Saffar, présidente de l'association des infirmières de Bahreïn, a elle-même écopé de 15 ans de prison, avant d'être acquittée en juin dernier. Elle a dénoncé sur RFI le fait que ces hommes et ces femmes aient été condamnés pour avoir «soigné des blessés», ce qui a été interprété comme un soutien aux manifestants. «Ce qui nous a choqués, c’est que les 58 médecins arrêtés étaient tous des chiites», a-t-elle également remarqué. Et de conclure: «Une grâce accordée par le roi laisserait une trace dans le casier judiciaire. Nous voulons que toutes les charges soient abandonnées. Ces médecins n’ont rien fait de mal.»

(Pour plus d'informations sur l'affaire des médecins bahreïnis, cliquez ici.)

Manama souffle le chaud et le froid

Quant à la troisième affaire relativement médiatisée, ses récentes évolutions ne sont pas plus encourageantes. Le 4 septembre, la Haute cour criminelle d’appel de Bahreïn a confirmé les peines prononcées contre 13 hommes condamnés l’année dernière par des tribunaux militaires à des peines allant de deux ans d’emprisonnement à la réclusion à perpétuité pour des infractions liées au soulèvement antigouvernemental, dont un autre célèbre militant, Abdulhadi Al Khawaja *, condamné à la prison à vie pour «mise en place de groupes terroristes en vue de renverser la monarchie et de modifier la Constitution». La victoire de l'obtention d'un jugement par une juridiction civile a donc vite été gommée par ce statu quo, prononcé à l’issue d’une audience qui n’a duré que trois minutes. A l’énoncé du verdict, Farida Ismail, la femme d’Ebrahim Sharif, un de ces opposants condamnés, a reconnu ne pas être surprise, et dénoncé l’attitude des «pays étrangers (qui) ne font pas assez pression sur Bahreïn». «Ce qui se passera à l’avenir dépendra des mesures prises par la communauté internationale et des décisions des États lors de la prochaine session de l’Examen périodique universel», avait-elle estimé.

Or, le 19 septembre, le gouvernement de Bahreïn a accepté plus de 140 des 176 recommandations formulées dans le cadre de cet Examen au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, notamment des mesures visant à libérer les prisonniers d'opinion, à renforcer les garanties de procès équitable et à enquêter sur les violations des droits humains commises pendant et après les manifestations de grande ampleur de l'année dernière en faveur de réformes. «Le fait que toutes ces condamnations aient été confirmées et que des prisonniers d'opinion soient toujours détenus montre que le gouvernement bahreïni n'est pas vraiment déterminé à s'acquitter des promesses», a déploré Ann Harrison, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International. D’autant que toutes ces affaires ne sont que la partie émergée de l’iceberg –les cas de libération de policiers impliqués dans la mort de manifestants, y compris des enfants, sont monnaie courante…

La France pointée du doigt

Selon la FIDH, au moins 80 personnes ont trouvé la mort en un an et demi. La révolution, beaucoup moins sanglante que celles qui ont eu lieu pendant le «Printemps arabe», se poursuit néanmoins dans le silence complice de la communauté internationale. La France, qui avait félicité Bahreïn pour son programme de réformes et certaines réductions de peines, a simplement dit avoir appris avec «déception» la confirmation des peines contre les personnels de l’hôpital de Salmaniya. «Nous espérions un verdict de clémence en cohérence avec les charges retenues alors que des efforts doivent justement être consentis pour apaiser la situation politique et créer un climat propice au dialogue», a ajouté le porte-parole du Quai d’Orsay mardi dernier. Fin juillet, François Hollande a été fortement critiqué pour avoir reçu en catimini le roi de Bahreïn, Hamed ben Issa Al-Khalifa, et annoncé de nouveaux projets de coopération. Human Right Watch, Amnesty, la FIDH, RSF, et la Ligue des droits de l’Homme ont adressé une lettre ouverte au président français pour lui faire part de leurs inquiétudes quant à cette visite «secrète» et ses conséquences.

Il faut dire que le royaume dispose d’une position géostratégique toute particulière dans la région. Rappelons que l’archipel, bien qu'il ne détienne plus beaucoup de pétrole aujourd'hui, est situé entre l'Arabie saoudite et l'Iran, dont l'influence est croissante et qui revendique le petit territoire wahhabite comme sa 14e province… Bahreïn abrite la Ve flotte de l’US Navy, et est dans le même temps spécialiste du système bancaire off-shore très utilisé par l’Arabie Saoudite –pays qui ne l’oublions pas, avait envoyé 1500 soldats en mars pour rétablir l’ordre. Le pays est en outre dirigé depuis deux siècles par la dynastie des Al Khalifa, issue de la minorité sunnite, et qui descend de la même branche que les Al Saoud saoudiens, mais aussi que les Al Sabah du Koweït. La pire crainte des pétromonarchies du Golfe, alliées de Washington et par extension de Paris, est qu'une victoire des chiites encourage des mouvements similaires dans les pays voisins, et favorise Téhéran et le Hezbollah libanais. De l’équilibre (même illusoire) de ce minuscule État d’1,2 million d’habitants dépend donc celui de la région -et du monde. D'où cet attentisme insupportable.

* Sa fille Zainab Al Khawaja est elle aussi détenue depuis le 2 août. Elle est poursuivie, en tout, pour 13 chefs d’accusations dont le dernier en date –«ridicule» selon le Centre bahreïni des droits de l’Homme- est d’avoir déchiré une photo du roi de Bahreïn. Elle subirait d’ailleurs des mauvais traitements en prison.

Pour plus d’informations sur la famille Al Khawaja, cliquez ici.
http://www.parismatch.com/Actu-Match/Monde/Actu/Bahrein-Que-fait-la-communaute-internationale-437564/
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