| Photo Hamad I Mohammed / Reuters
La tension est montée d’un cran à Bahreïn, où la majorité chiite crie sa colère contre la dynastie Khalifa depuis plus d’un mois. Après une série d’annonces visant, en vain, à endiguer la révolte, la répression est en marche.
Le roi Hamad ben Isa al Khalifa passe à la méthode forte. Après un mois de protestations, que les autorités bahreïniennes ont d’abord tenté d’endiguer par la négociation, les manifestations, qui se concentrent dans la capitale, Manama, ont été sévèrement réprimées ces derniers jours. Au lendemain de l’instauration de l’état d’urgence dans le royaume, de multiples explosions ont retenti et de la fumée a été aperçue à Manama, rapporte Al Jazeera. Selon un correspondant d’Info-Palestine, la police, appuyée par des chars de l’armée, a attaqué les manifestants et utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Pis, Ali Al Aswad, un député du parti Wefaq (principal bloc d’opposition chiite), a déclaré à la chaîne qatarie que des balles ont été tirées depuis des hélicoptères Apache sur des manifestants pacifiques. «Les forces de sécurité tuent des gens», a-t-il alarmé, appelant à l’aide de l’ONU. «C'est une guerre d'anéantissement. Ce genre de choses ne se produit même pas pendant des guerres et c'est inacceptable», a renchéri Abdel Jalil Khalil, le chef du bloc parlementaire du parti, contacté par Reuters. Ce dernier assure que cinq personnes ont été tuées, tandis qu’une source médicale citée par l’agence fait état de deux morts.
Les Emiratis et les Saoudiens à la rescousse
Face à cette sévère répression qui aurait également fait des centaines de blessés selon l’opposition, le rond-point Pearl de la capitale, épicentre des conflits, a rapidement été évacué. Hier, une ordonnance du roi a autorisé «le commandant des forces de défense de Bahreïn à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la sécurité du pays et ses citoyens». Lundi, le Conseil de Coopération du Golfe (CCG) avait déjà envoyé des centaines de soldats d’Arabie Saoudite afin d’essayer de protéger les installations du gouvernementales, et les Emirats arabes unis leur ont emboité le pas. «Les autres pays du Golfe participeront aussi à la restauration du calme et de l'ordre à Barheïn», a indiqué le cheikh Abdallah ben Zayed al Nahayan, qui se trouvait lundi à Paris en marge d'une réunion des Affaires étrangères du G8. Selon Syed Al Alawi, un témoin cité par Al Jazeera, les troupes étaient stationnées autour de l’hôpital Salmania et ne permettaient pas aux médecins et aux infirmières d’y entrer. «Les troupes du CCG sont destinées à lutter contre des forces étrangères, et au lieu de cela elles s’attaquent à la population de Bahreïn. Quelle est notre faute ? Nous revendiquons nos droits légitimes...», a-t-il fait valoir. Les États-Unis, qui comptent le Bahreïn et l’Arabie saoudite parmi leurs alliés, ont appelé à la retenue, sans toutefois se prononcer sur un éventuel déploiement de leurs troupes. Pour sa part, l’Iran a mis en garde contre «les ingérences étrangères». «Les manifestations pacifiques à Bahreïn font partie des problèmes intérieurs à ce pays, et créer une atmosphère de peur et utiliser des forces militaires d’autres pays pour réprimer ceux qui revendiquent n’est pas la solution», a estimé Hossein Amir Abdollahian, un responsable du ministère iranien des Affaires étrangères.